RM (BTS) s’attaque aux préjugés du monde sur la K-POP et la déshumanisation des idols

RM a récemment évoqué de nombreux sujets lors d’une interview.

De passage à Barcelone récemment, le leader de BTS a donné plusieurs interviews aux médias locaux, et il avait notamment évoqué le futur de BTS après le service militaire avec le média EFE:.

Dans une entrevue accordée à El País, il a abordé de nombreux autres sujets, s’attaquant notamment aux préjugés sur la KPOP, évoquant la déshumanisation des artistes, et parlant de son avenir.

Morceaux choisis.

El País : Est-ce que le succès stratosphérique de la K-POP déshumanise les artistes ?

RM : « Vous commencez votre carrière très jeune au sein d’un groupe. Il n’y a pas beaucoup de temps pour être une individualité, mais c’est ce qui fait briller la K-POP : Des gens très jeunes, travaillant très dur en même temps… Vous ne pouvez générer cette énergie que pendant votre vingtaine. Vous vous battez nuit et jour pour parfaire votre chorégraphie, vos vidéos, votre musique, et il y a une explosion, un big bang. De 20 à 30 ans, nous avons investi toute l’énergie que nous avions dans BTS. Vous obtenez le succès, l’amour, l’influence, le pouvoir, et après ça ? La racine de tout reste la musique… Quelle était la question ? »

El País : Est-ce que le système déshumanise ?

RM : « Mon agence n’aime pas la façon dont je réponds à cette question, parce que j’admets que c’est en partie le cas, et ensuite le journaliste lève les mains en criant : « C’est un système horrible, ça détruit la jeunesse ! » Mais c’est en partie ce qui en fait une industrie si spéciale. Et les choses se sont beaucoup améliorées, en terme de contrats, d’argent, d’éducation. Maintenant, il y a des professeurs, des psychologues. »

El País : Les agences coréennes entraînent leurs artistes pendant des années, tu as vécu avec tes pairs de 16 à 19 ans avant de débuter avec BTS en 2013. Qu’on dit tes parents ?

RM : « Ma mère a passé deux ans à me dire : « Retourne à l’école, tu étais si doué, va de l’avant, va à l’université, fais de la musique un hobby ! » Mais il n’y avait pas de retour possible pour moi. »

El País : La plus grande leçon que tu as reçu en tant que trainee ?

RM : « Danser, parce que j’en étais totalement incapable. »

El País : Et qu’as-tu perdu en devenant trainee ?

RM : « La vie universitaire. »

El País : Ce culte de la jeunesse, de la perfection, et du surmenage dans la K-POP… est-ce que ce sont des traits culturels coréens ?

RM : « Les gens dans le monde ne comprennent pas. La Corée est un pays qui a été envahi, dévasté, séparé en deux. Nous avons reçu l’aide de l’IMF et des Nations Unies. Mais maintenant, le monde entier regarde la Corée. Comment est-ce possible ? Parce que les gens travaillent tellement dur pour s’améliorer. Vous êtes en France ou au Royaume-Uni, des pays qui ont colonisé les autres pendant des siècles, et vous venez me voir en disant : « Vous vous mettez tellement de pression, la vie en Corée doit être si stressante ! » Oui, c’est comme ça que l’on accomplit les choses. Et c’est en partie ce qui fait le charme de la K-POP. Même si bien sûr il y a des ombres, tout ce qui se produit trop rapidement et trop intensément a des effets secondaires. »

El País : Quel est le plus grand préjugé sur la K-POP ?

RM : « Que c’est préfabriqué. »

El País : Quelle carrière aurais-tu pu avoir si tu avais grandi différemment ou dans un autre pays ?

RM : « Je pense souvent au multiverse, et la leçon de Doctor Strange est toujours la même : ta version de l’univers est la meilleure possible, ne pense pas aux autres. Il n’y a rien de mieux que d’être membre de BTS. »

El País : Tu imagines cette version ?

RM : « Pas du tout. Mon rêve n’était pas de devenir idol de K-POP. Je voulais être rappeur, et avant cela, poète. »

El País : Tu dis que tu jalouses les gens que tu admires. Un exemple ?

RM : « Kendrick Lamar, toujours. Et Pharrell Williams. Il vit l’Histoire. J’aimerais pouvoir le faire moi aussi, peut-être dans le futur. C’est la raison pour laquelle je ne peins pas : Être jaloux de Picasso ou Monet serait vraiment trop. »

El País : Es-tu fatigué du label « K » pour la musique coréenne ?

RM : « On peut être fatigué de Spotify qui nous appelle « K-POP », mais ça marche. C’est un label premium, la garantie de qualité pour laquelle nos grands-parents ont travaillé si dur. »

El País : Tu as connu plusieurs changements d’identité, adolescent tu étais Runch Randa, puis Rap Monster dans BTS, et enfin RM. Tu n’as jamais pensé à utiliser ton vrai nom ?

RM : « (Rires) Nous avons tous un passé, une histoire sombre comme on dit. Runch Randa était mon pseudo dans un RPG, ensuite j’ai voulu devenir un monstre du rap, et ensuite j’ai mûri… Je préfère que mon nom soit le moins connu possible. Je ne suis pas John Lennon ou Paul McCartney, je peux arriver à un hôtel sans me faire remarquer et j’aime ça. »

El País : Est-ce lourd de porter une si grande armée de fans ?

RM : « Vous ne pouvez pas marcher dans une rue nulle part sans être reconnu, et les standards auxquels vous êtes sujet sont lourds. Mais il faut être mature et l’accepter, pas se dire : « Oh, je veux juste être normal ! ». Si vous voulez penser que la célébrité est un roc, alors c’est un roc ; Mais pour moi, ça m’a apporté ce que je voulais : avoir de l’influence et une liberté financière aussi vite que possible, pouvoir faire la musique que je veux sans m’inquiéter des charts… Je n’y suis pas encore à 100%, mais je tente de me concentrer sur le bruit à l’intérieur, pas celui à l’extérieur. »

El País : Et comment fais-tu face à ta trentaine ?

RM : « Je n’ai jamais fait face à quelque chose d’aussi confusant. Pendant une décennie, j’étais le leader de BTS, et c’était très stable et amusant, à toujours aller vers le haut. En 2023, beaucoup de choses ont changé personnellement et professionnellement, même si je ne peux rien dire. Alors que je m’apprête à avoir 30 ans, je m’aime plus que lorsque j’avais 20 ans. Maintenant, je vais passer un an et demi à faire mon service militaire, ce qui est très important dans la vie de tous les hommes coréens. Après ça, je suis sûr que je serai un être humain différent, espérons meilleur et plus sage. »

Source : elpais